Le calvaire est effacé, le plus dur est passé, mais pour les dirigeants du CA, il faudra apprendre des erreurs du passé. Et les manœuvres illicites qui ont coûté ces litiges lourds va-t-on poursuivre leurs auteurs que tout le monde connaît ?
En payant une somme considérable de 800 mille dinars pour frais d’avocats, le CA a réussi finalement et officiellement à lever l’interdiction de recrutement et à clore une fois pour toutes le dossier pénible et étouffant des litiges avec d’ex-joueurs et entraîneurs. Après trois ans de va et vient à la Fifa, de collecte pénible de fonds pour payer une ardoise qui s’élève à plus de 40 millions de dinars, les clubistes peuvent enfin respirer. C’est une énorme réalisation comparable à un titre continental que d’assainir ce dossier cauchemardesque où le public a dû souffrir pendant trois ans et où l’image d’un bastion du sport tunisien a été assez ternie.
Un ouf de soulagement digne d’une relance, d’une renaissance sur fond d’espoir et d’optimisme, car le plus dur a été consommé, et jamais ce CA ne pourra tomber plus bas et vivre autant de peine et de drames. Maintenant que les recrutements sont validés et que l’ardoise a été épongée, va-t-on d’abord poursuivre en justice les comités de Slim Riahi et de Abdessalam Younsi qui ont causé exprès ou par incompétence ces énormes dettes cumulées qui auraient pu envoyer le club vers les divisons inférieures faute de paiement ?
Ce dossier ne peut être clos et enterré que si ces dirigeants qui ont tout fait pour pousser les joueurs à aller vers la Fifa ( des ruptures de contrat unilatérales et très suspectes) et qui ont pu s’enrichir au détriment du club ? Riahi et Younsi, tous les deux et une bande de dirigeants autour d’eux, doivent donner des explications et être auditionnés par équité et sens de la justice. Comment peut-on oublier que plus de 40 millions de dinars en devises ont été versés pour en finir avec le dossier des litiges ? C’est quelque chose de fou, de fatal qu’on ne peut passer sous silence. Ces deux comités sont entachés de plusieurs soupçons de manœuvres illicites et d’agissements qui ont lésé le club.
Youssef El Almi et ce comité provisoire qui va régner encore une saison vont-ils fermer les yeux sur le droit du CA à poursuivre en justice tous ceux qui ont une implication directe ou indirecte dans ce dossier clos, mais dont les cicatrices sont encore béantes ? On ne sait pas, mais on a l’information que la justice enquête sur quelques affaires de corruption au CA depuis l’ère Riahi et Younsi, mais on n’a pas encore idée sur l’aboutissement de ces enquêtes. En tout cas, le CA se doit de défendre ses droits bafoués et d’exclure de sa mémoire collective et de son présent toutes les personnes impliquées dans cette affaire des litiges qui a fait reculer le club des années en arrière. Ce qui s’est passé est un crime contre un monument du sport et de la société tunisienne. Ça ne peut pas passer dans l’impunité.
Préserver les équilibres
Avant de parler ambitions sportives, le CA a le devoir de raisonner objectivent et de ne plus s’affoler avant chaque saison. Pour éviter les frasques du passé, il faudra chercher d’abord l’équilibre financier au même titre que celui sportif. A quoi sert une équipe compétitive sur le papier, mais minée par des contrats mal rédigés et qui servent seulement les joueurs ? À quoi sert de jouer les premiers rôles alors qu’il n’y a aucune transparence et aucune éthique dans la gestion des contrats des joueurs ? Pour redevenir grand et essuyer cet affront des dernières saisons, il faut que les dirigeants apprennent à cibler leurs recrutements, en cherchant la qualité d’abord. Les huit recrutements opérés à l’intersaison valent-ils autant de tapage médiatique ?
On ne sait pas, mais le danger, c’est que l’on chamboule l’ossature de l’équipe et qu’on se rue vers des joueurs qui étaient plus forts au passé, et en même temps on ne prépare pas le terrain pour une cohabitation intelligente entre anciens et nouveaux. Il ne faudra pas s’affoler, ce CA n’est pas un favori au même titre que l’EST et l’ESS, c’est la première étape pour repartir de bon pied. Et ces contrats paraphés ont-ils été bien rédigés et ont-ils préservé les droits du club ? Ça aussi, c’est une inconnue, mais logiquement, on ne pense pas que l’actuel directoire clubiste soit naïf pour reproduire les mêmes crimes du passé.
Du côté du public, on a le droit de rêver et d’espérer oublier trois ans d’insoutenable galère. C’est son droit, lui qui paye sans calculs et qui a sauvé le CA d’une déroute annoncée. Ce magnifique public est la seule richesse inestimable, la seule car côté dirigeants et équipes compétitives, c’est juste la moyenne pas plus. Ce public a le droit de proposer des idées, de participer dans la gestion globale du club, car c’est un monstrueux bailleur de fonds. Il a une légitimité plus certaine que ce comité de sages «infondé» et parachuté. Les membres de ce comité de sages que personne n’a choisis n’ont payé que le vingtième ou le dixième de ce que le large public a payé. Qui les a mandatés pour décider de l’avenir de CA, eux qui n’ont pas été d’illustres lumières quand ils étaient dirigeants ?
L’avenir du CA, ça doit partir d’un diagnostic réfléchi du passé et du présent, en comprenant pourquoi ce CA populaire n’arrive pas à vivre en paix. La communion, la paix et la solidarité, ça doit se faire dans la base, car, au CA, ce sont les «supporteurs socios» qui excellent, contrairement aux dirigeants qui n’ont ni l’étoffe, ni les moyens, ni la générosité de ce grand public.